Les animaux de compagnie
Les animaux de compagnie
Qu'appelle-t'on un "animal de compagnie"? La Convention du Conseil de l'Europe pour la protection des animaux de compagnie en donne cette définition : "On entend par animal de compagnie tout animal détenu ou destiné à être détenu par l'homme, notamment dans son foyer, pour son agrément et en tant que compagnon."
Sont exclus de cette définition les animaux qui sont élevés pour la production de denrées alimentaires, de laine, de peaux, de fourrures ou à d'autres fins agricoles, les animaux qui vivent dans les zoos et les cirques à des fins de spectacle et les animaux qui sont détenus à des fins expérimentales ou à d'autres fins scientifiques.
Il a été reconnu que l'inclusion des animaux sauvages dans la convention pourrait être considérée comme une reconnaissance de la possibilité d'utiliser ces animaux en tant qu'animaux de compagnie. D'un autre côté, l'exclusion des animaux sauvages pourrait créer un vide juridique qui laisserait ces animaux sans aucune protection.
L'hébergement des animaux de compagnie ne répond souvent pas à leurs besoins physiologiques et ne tient pas compte des connaissances scientifiques. Plusieurs défauts sont fréquemment constatés dans les conditions d'hébergement des animaux de compagnie : des caisses ou cages trop petites, empêchant l'animal de se mouvoir tout au long de sa vie; des cages dépourvues de structures pour les petits animaux de compagnie; un manque d'abris pour se cacher de leurs congénères, pour diverses espèces; l'hébergement individuel d'animaux très sociaux tels que les cobayes, plusieurs espèces d'oiseaux et les perroquets; un manque de structures dans les cages à chats dans les refuges pour chats; une nourriture inadaptée ou excessive...
Nombre de maladies des animaux de compagnie résultent de leur hébergement (Hollmann, 1997). Pour la plupart des oiseaux, le mode de déplacement caractéristique de leur espèce est le vol, et pas simplement le saut d'un perchoir à l'autre; les petits rongeurs ont ainsi besoin de grimper, de sauter et de creuser, et pas simplement de faire quelques pas d'un côté à l'autre d'une cage; ils doivent aussi exprimer d'autres comportements tels que le fouissement, le marquage, la dissimulation, la nidification et d'autres encore qui sont souvent très restreints dans les cages. Les dimensions des cages ne sont pas les seuls facteurs qui comptent; il est tout aussi important de pourvoir à un bon microclimat et à un bon emplacement pour la cage, des structures et accessoires adaptés, une bonne nourriture, qualitativement et quantitativement, et un traitement attentionné de la part de leur maître (Hollman, 1997).
Pour les oiseaux de compagnie, divers facteurs négatifs dans l'hébergement ont aussi été relevés, et notamment l'anthropomorphisme, une conception erronée du bien-être des animaux, la possession de l'oiseau pour marquer son statut ou pour décorer, une méconnaissance de son comportement et de ses exigences en matière d'hébergement et de nourriture, un climat inadapté, ainsi que les problèmes d'adaptation dont souffrent les oiseaux capturés dans la nature (Kummerfeld, 1997).
De nombreux matériels et accessoires pour animaux de compagnie sont inadaptés, voire dangereux : mangeoires pour hamster, cages pour animaux dont toutes les parois sont fermées, du coton synthétique pour hamsters, des roues d'exercice à barreaux très espacés, de la litière avec des additifs parfumés ou colorés, des mangeoires sans couvercle; pour les oiseaux de compagnie : des cages rondes ou avec un treillis blanc, des cages avec un treillis en plastique ou peint pour psittacidés, des perchoirs en plastique, des perchoirs et des sols couverts de papier abrasif, des recouvre-perchoir en papier de verre, des jouets inadaptés, ou des chaînes pour perroquets perchés...
Les lacunes dans les conditions d'hébergement des animaux de compagnie sont souvent dues à un manque de connaissances, explique Andreas Steiger, rapporteur pour la Convention européenne chargée de la protection des animaux. C'est certain, mais on peut ajouter qu'il y a un tel marché juteux dans la vente de produits destinés aux animaux de compagnie, produits élaborés sans aucune recherche des besoins réels de l'animal et surtout basé sur un anthropomorphisme aigü, qu'il faut bien reconnaître que tant que les gens auront des animaux pour assouvir leur besoin d'avoir "un petit", un "compagnon", un "objet de décor", il y aura toujours cette méconnaissance et toutes les (mauvaises) conditions d'hébergement de l'animal qui vont avec...
Sur le plan international, l'absence de travaux de recherche sur l'hébergement et la reproduction des animaux de compagnie est criante alors que la documentation est bien plus riche en matière d'animaux de ferme, comme les bovins, les porcins et les volailles, les rongeurs de laboratoire... ceci s'expliquant par le manque de demande pour de telles recherches et par les moyens financiers pour les faire qui manquent... Quelques études ont été menées récemment cependant : sur le stress induit par une forte densité dans les groupes de chats, par la petite taille des cages et par le manque de socialisation des chats; d'autres études ont permis de constater chez les cobayes qu'en groupe ces animaux préfèrent nettement la compagnie de leurs congénères à celles de lapins nains. Les gerbilles ont besoin d'un nid sombre avec un tunnel et ne devraient pas être séparées trop tôt de leurs petits. Les hamsters peuvent faire un bon usage de grandes roues d'exercice et souffrent moins de stéréotypies quand ils disposent d'une litière profonde et de grandes surfaces de litière.
L'Allemagne, la Suède, la Suisse et l'Autriche ont élaboré des articles généraux sur l'élevage. La Suisse s'est dotée d'une réglementation détaillée sur l'hébergement des animaux de compagnie et l'Autriche, quant à elle, a introduit la possibilité d'instaurer un type de "label" pour l'hébergement et les accessoires pour animaux de compagnie dans le respect des exigences de la loi sur le bien-être des animaux.